inspecteur général du chant en France. Il compose plusieurs opéras pour la France (ou adapte d’anciens ouvrages italiens sur des livrets français) : Le Siège de Corinthe (1826) ; Moïse et Pharaon (1827) ; Le Comte Ory (1828); Guillaume Tell (1829). Après la Révolution de 1830, Rossini se détourne de l'opéra et ne composera plus que de la musique sacrée (le Stabat mater, dont la première version est créée en 1831 ; la Petite messe solennelle, 1863), des mélodies et quelques pages instrumentales. Il meurt à Paris,. Inhumé au Père Lachaise, son corps sera rapatrié en Italie quelques années plus tard et repose désormais à Florence (basilique Santa Croce).
C’est l’une des plus mouvementées de l’histoire de l’Opéra : l’œuvre, créée au Teatro di Torre Argentina à Rome le 20 février 1816 (avec entre autres le grand Manuel Garcia, père de Maria Malibran et Pauline Viardot, en Almaviva) tomba, en raison d’une cabale mais aussi suite à une série d’incidents qui vinrent perturber la représentation : le costume couleur noisette porté par Rossini fut jugé ridicule, une corde de la guitare d’Almaviva se rompit pendant sa cavatine, un chat traversa la scène pendant la représentation, Basile fit une mauvaise chute et se blessa au nez,… Dès la deuxième représentation cependant, l’œuvre triomphait.
Elle suit de très près celle de la pièce de Beaumarchais, créée à la Comédie Française en 1775.
Acte I
À Séville. Le comte Almaviva est amoureux de Rosine, la pupille du docteur Bartholo. Il chante une sérénade sous les fenêtres de la jeune fille.
Arrive le barbier Figaro, qui était autrefois domestique du Comte.
Figaro, qui occupe aujourd'hui, entre autres nombreuses charges, celle de barbier de Bartholo, propose au Comte de l’aider à libérer Rosine de l’emprise de Bartholo, qui, souhaitant lui aussi l’épouser, la tient enfermée comme un oiseau en cage.
Afin d’être sûr d’être aimé pour lui-même, le Comte cache à Rosine sa véritable identité et se fait passer pour un certain Lindor. Figaro conseille au Comte de se présenter le lendemain chez Bartholo, déguisé en soldat, muni d'un billet de logement, et de paraître à moitié ivre afin de ne pas éveiller la méfiance du docteur.
Rosine, de son côté, est amoureuse de Lindor et est bien décidée à échapper à son tuteur.
Basile, le maître de musique de Rosine, avertit Bartholo que le Comte Almaviva est à Séville. Il propose cependant de le neutraliser en le calomniant auprès de la population :
Il convient en tout cas de hâter le mariage de Batholo et de sa pupille : Basile et Bartholo s’éloignent pour rédiger le contrat de mariage. Figaro en profite pour voir Rosine : il lui affirme que « Lindor » est amoureux d’elle et l’encourage à écrire un billet à son intention. Lequel billet est en fait prêt, Rosine en ayant déjà écrit un ! Mais lorsque Bartholo revient, il remarque qu’il manque une feuille dans le carnet de Rosine et que le doigt de la jeune fille est taché d’encre : quelles explications Rosine peut-elle lui apporter ? Devant les justifications plus ou moins crédibles données par sa pupille, il perd patience et lui conseille de ne pas tenter de le tromper !
Arrive alors Almaviva déguisé en soldat ivre. Malheureusement, Bartholo possède un certificat qui le dispense d’héberger les militaires. Le ton monde au point que la garde surgit, alarmée par le vacarme que font Bartholo, Basile, Almaviva, Figaro, Rosine et la domestique Berta. Almaviva, à deux doigts de se faire arrêter, révèle discrètement son identité à la garde : il échappe ainsi à l’arrestation qui le menaçait. L’acte se termine dans la confusion générale.
Acte II
Un certain Alonso (en fait, Almaviva, de nouveau déguisé), se présentant comme étant l'élève de Basile, demande à être reçu chez Bartholo. Il vient donner à Rosine sa leçon de chant à la place de son maître, qu'il dit très malade. Mais Bartholo, échaudé par l’épisode du faux militaire, reste méfiant... Alonso/Almaviva présente alors à Bartholo le billet que Rosine a écrit au Comte et dont il est, dit-il, entré en possession par hasard. Il conseille à Bartholo d’utiliser ce billet contre Almaviva, en calomniant ce dernier auprès de Rosine : il suffira de faire croire à celle-ci que le Comte utilise ce billet comme un trophée pour se vanter de sa dernière conquête. Bartholo est alors persuadé que cet Alonso est bien l’élève de Basile, maître ès-calomnies !
Rosine refuse dans un premier temps de prendre sa leçon de musique, mais reconnaissant Lindor, elle change bien sûr d’avis. Les deux amants profitent de ce que Bartholo s’est endormi pendant la leçon pour échanger des mots d’amour. Quant à Figaro, venu faire la barbe de Batholo, il parvient à lui dérober la clé du balcon de Rosine. Mais catastrophe : apparaît Basile, censé être cloué au lit par la maladie ! Heureusement, une belle somme d’argent glissée dans sa main par le Comte le persuade de rentrer chez lui, sans chercher à comprendre pourquoi il est ainsi éconduit !
Cependant, Bartholo surprend des échanges un peu trop tendres entre Rosine et « Alonso » : il met tout le monde à la porte, brandit devant Rosine le billet d’Almaviva et le calomnie, suivant ainsi le plan que le Comte lui avait lui-même suggéré. Rosine est désespérée et, de dépit, accepte d’épouser son tuteur.
Alors que Bartholo s’est retiré pour préparer la cérémonie, Figaro et le Comte pénètrent dans les appartement sde Rosine grâce à la clé volée par Figaro. « Lindor » révèle sa véritable identité à la jeune fille. Tous trois s’apprêtent à s’enfuir par l’échelle qui leur a permis d’accéder aux appartements, mais… cette échelle a été découverte et enlevée par Bartholo ! Basile et le notaire arrivent pour célébrer le mariage avec le contrat que les époux doivent signer. Ce seront finalement Rosine et le Comte qui signeront le contrat, Basile, moyennant toujours une belle somme d’argent, leur servant de témoin. Lorsque Bartholo arrive, le mariage est déjà célébré. Il proteste, mais le Comte lui conseille de se calmer et de ne pas susciter sa colère.
Bartholo reconnaît que toutes les précautions qu’il a prises pour retenir Rosine auprès de lui se sont avérées inutiles.
Elle est absolument irrésistible de verve, d’entrain, de légèreté et d’efficacité dramatique. Toujours plus ou moins emprunte de classicisme (Mozart, parfois, n’est pas si loin, Cimarosa non plus bien sûr), elle fait alterner recitativi secchi et pezzi chiusi : airs, duos, trios, ou ensembles. Cependant, elle possède déjà, également, certaines formes ou couleurs typiques du bel canto tel qu’il se développera pendant les premières décennies du XIXe siècle : tendresse et suavité de certaines mélodies (les deux sérénades du Comte : « Ecco ridente in cielo » et « Se il mio nome saper voi bramate »), cabalettes avec da capo comportant une ornementation (écrite ou laissée ad libitum) : « Io sono docile » de Rosine, « Ah, il piu' lieto, il piu' felice » d’Almaviva.)
L’œuvre comporte plusieurs pages parmi les plus célèbres de tout le répertoire d’opéra :
L’ouverture - déjà utilisée par Rossini pour Aureliano in Palmira (1813) et Elisabetta, regina d'Inghilterra (1815)
L’air d’Almaviva : « Ecco ridente in cielo »
La cavatine de Figaro « Largo al factotum »
La cavatine de Rosine « Una voce poco fa »
L'air de Basile : « La calunnia è une venticello »
L’air de Bartholo : « A un dottore della mia sorte »
Le finale du premier acte : « Mi par d’esser con la testa »
Le dernier air du Comte : « Cessa di più resistere », qui deviendra quelques années plus tard le rondeau final de Cenerentola.
Dossier réalisé par Stéphane Lelièvre
Rossini reçoit sa formation musicale à Bologne. Après quelques succès dans le genre bouffe (La Scala di seta, 1812 ; La Pietra del paragone, 1812 ; Il Signor Bruschino, 1813), il rencontre un véritable triomphe avec Tancrède, représenté à Venise en février 1813. Cet opera seria ainsi que le dramma buffo Le Barbier de Séville, pourtant accueilli plus que froidement à sa création (Rome, 1816) feront de lui le compositeur italien le plus célèbre de son temps. Il continuera, au cours de sa carrière, de faire alterner des œuvres bouffes ou semiserie (L’Italienne à Alger, 1813 ; Le Turc en Italie, 1814 ; La Gazza ladra, 1817 ; La Cenerentola, 1817) avec (surtout) des ouvrages sérieux (Otello, 1816 ; Mosè in Egitto, 1818 ; Ermione, 1819 ; La Donna del lago, 1819 ; Semiramide, 1823). Il voyage à Vienne (où il rencontre Beethoven), à Londres puis à Paris où il est nommé directeur du Théâtre-Italien, compositeur du roi – il compose Le Voyage à Reims (1825) à l’occasion du sacre de Charles X – et
Cesare Sterbini est un écrivain et un librettiste italien. Très cultivé (il avait de solides bases de philosophie, de linguistique, et maîtrisait plusieurs langues anciennes et vivantes), il est resté célèbre pour avoir rédigé les livrets de deux ouvrages de Rossini : Torvaldo e Dorliska (1815) et Le Barbier de Séville (1815).
Rome, Le Teatro Argentina
Manuel Garcia dans le rôle d'Otello
"Ecco ridente in cielo", par Alfredo Kraus
"Largo al factotum " par Hermann Prey
"Una voce poco fa" par Maria Callas
Air de la Calomnie, par Paolo Montarsolo
"A un dottore della mia sorte", par Carlos Chausson
Finale de l'Acte I (Jennifer Larmore, David Malis, Simone Alaimo, Renato Capecchi, dir. Alberto Zedda)
"Cessa di più resistere" par Juan Diego Florez
Beaumarchais, Le Barbier de Séville, Acte I Scène 4
Beaumarchais, Le Barbier de Séville, Acte I Scène 8
Beaumarchais, Le Barbier de Séville, Acte I Scène 11
Beaumarchais, Le Barbier de Séville, Acte II, scène 8
Pietro Spagnoli, Joyce DiDonato, Juan Diego Florez, Alessandro Corbelli,
Ferruccio Furlanetto. Royal Opera Chorus, orchestra of the Royal Opera House, dir. Antonio Pappano, mise en scène Moshe Leiseret Patrice Caurier. Virgin Classics
(enr. 2009)
Tito Gobbi, Maria Callas, Luigi Alva, Fritz Ollendorff, Nicola Zaccaria.
Philharmonia Orchestra and Chorus, dir. Alceo Galliera. Warner Classics (enr. 1957)
Hermann Prey, Teresa Berganza, Luigi Alva, Enzo Dara,
Paolo Montarsolo. London Symphony Orchestra, The Ambrosian Opera Chorus, dir. Claudio Abbado. DG (enr. 1972)
Thomas Allen, Agnes Baltsa, Francisco Araiza, Domenico Trimarchi,
Robert Lloyd. Academy of St Martin-in-the Fields, Ambrosian Opera Chorus,
dir. Neville Marriner. Philipps (enr. 1982)
Nathan Gunn, Elina Garanca, Lawrence Brownlee, Bruno de Simone, Roberto Accurso. Chor des Bayerischen Rundfunks, Münchner Rundfunkorchester,
dir. Miguel Gomez-Martinez. (enr. 2005)
Hermann Prey, Teresa Berganza, Luigi Alva, Enzo Dara, Paolo Montarsolo.
London Orchestra et choeurs de la Scala, dir. Claudio Abbado, mise en scène
Jean-Pierre Ponnelle. DG (enr. 1972)
Gino Quilico, Cecilia Bartoli, David Kuebler, Carlos Feller, Robert Lloyd.
Choir of the Cologne City Opera Stuttgart, Radio Symphony Orchestra, dir. Gabriele Ferro, mise en scène Michael Hampe. Arthaus Musik (enr. 1988)
Manuel Lanza, Vesselina Kasarova, Reinaldo Macias, Carlos Chausson, Nicolai Ghiaurov. Orchester & Chor Opernhaus Zurich, dir. Nello Santi, mise en scène Grischa Asagaroff. EuroArts Music International (enr. 2001)